L’Inconnu de la Baltique
Presqu’île de Rügen, Allemagne, (12 juin 2017)
Dans la presqu’île de Rügen, un homme est resté debout, torse nu, face à la mer Baltique, sans que rien ni personne ne vienne perturber sa stature. Peut-être y est-il encore. On ne pouvait le voir que de dos, comme les personnages des tableaux de Caspar David Friedrich qui composa un grand nombre de ses œuvres en prenant pour modèle les falaises crayeuses de Rügen en bas desquelles j’ai aperçu cet homme. Mais cette immobilité sidérée me faisait plutôt penser au film de Werner Herzog, à Kaspar Hauser ouvrant ses yeux pour la première fois de sa vie devant le monde qu’il n’avait jamais vu.
Cet homme statufié, installé dans son seul désir de voir est pour moi une stèle dédiée à la pratique photographique où le regard est premier avant toutes choses à voir. Et cette pure compulsion du regard suffit à considérer la photographie comme la forme visuelle de l’écriture automatique.