Née de la terre
Monastère de Santa Anna, Pienza -Toscane, 27 avr. 2011
Parfois, la considération des paysages révèle une inclination de la Nature à s’inspirer de l’art qui, selon l’antique théorie, s’inspire lui-même de la Nature. Bien sûr, c’est notre regard qui projette sur le monde visible des représentations qui traversent notre esprit. Certaines de ces coïncidences demeurent cependant troublantes, tout particulièrement quand elles interrompent le calme d’une promenade pour réveiller un désir qu’on croyait en sommeil.
Ainsi, lors d’une balade matinale en Toscane, près du monastère de Santa Anna à Pienza, je contemplais des prairies verdoyantes dont les ondulations rappelaient le mouvement d’une houle marine. Bientôt, l’ensemble de ces vaguelettes champêtres se disposaient en des formes charnelles : des jambes, des cuisses, des seins et des mamelons se soulevaient de terre et s’entrecroisaient comme dans certaines photographies admirables de la série Née de la vague de mon ami Lucien Clergue. Les photos que j’ai faites ce jour-là m’ont prouvé que je n’étais pas en proie à une hallucination.
J’ai éprouvé cette énergie sexuelle issue de la terre en des lieux très différents, dans le Cap Corse, dans l’Ouest des Etats-Unis, dans le Northumberland ou dans les confins de la baltique et à chaque fois je procédais à une vérification photographique. Aussi, ai-je décidé de compiler ces images et les réflexions qu’elles m’évoquaient dans une entrée de mon journal photographique, Le Sexe dans la Nature.