Nostalgie du fond du puits

Nostalgie du fond du puits

Montmajour, 15 oct. 2019

Dans le cloître de l’Abbaye de Montmajour, j’ai aperçu la plus troublante beauté qu’il m’ait été donné de rencontrer. Son regard, pareil à celui des statues, semblait fixer le point central de ce lieu sacré, le puits.

L’association de la femme et du puits m’a fait penser aux peintures représentant La Vérité sortant du puits pour châtier l’humanité dont la plus connue est celle de Jean-Léon Gérôme. La dame de Montmajour n’aurait pas pu s’y reconnaître, car le modèle du peintre, armée d’un fouet n’a ni sa grâce, ni sa la finesse. En revanche, la plus floue et la plus belle interprétation picturale de ce thème par Jean-Jacques Henner, n’est pas sans ressemblance avec elle : le modèle est nu, mais recouvert comme par une étoffe d’une longue chevelure rousse.

Mon modèle est habillé d’une robe chasuble rouge jusqu’au bas des jambes, comme si la Vérité, après avoir visité le monde, devait cacher sa nudité. Son regard immobile et éperdu porte en lui la nostalgie du retour à son lieu d’origine, le fond du puits.